Sixième soupir
- jean.essomba
- 17 mai 2023
- 1 min de lecture

La petite fille monte et descend,
Elle agite les jambes
Pour redonner la vitesse
À une balançoire en fin de course.
Sa chevelure blonde et soyeuse,
Soulevée par le vent,
Renvoie des reflets dorés.
Son petit rire cristallin,
Comme la rosée qui perle au matin,
Habillerait de fraîcheur et de joie
Même le plus amer des cœurs.
Mais ceci n’est qu’une image,
Une archive des temps joyeux,
Une bobine qui tourne en boucle
Avec le souffle court,
D’une bande magnétique épuisée
D’avoir été trop déroulée.
Une mère effondrée qui regarde
Mais ne voit pas, ne voit plus,
Malgré la lueur d’espoir qui brille
Par éclats intermittents
Sous les couches épaisses
De faux espoirs.
Déjà plusieurs mois,
Une éternité,
Sa petite fille a disparu
Sans laisser de traces.
Elle jouait dans la rue.
Pendant des jours, pendant des nuits,
Sous le soleil, sous la pluie,
Dans les forêts, sous les eaux,
Gendarmes et chiens,
Amis et voisins,
Sans relâche,
Ont cherché et flairé.
Ils n’osaient l’avouer,
Mais prévoyaient le pire,
L’inéluctable preuve
De l’innocence profanée
Par un être damné.
Aujourd’hui,
C’est d’une affiche
Délavée par les intempéries,
Que le chaleureux sourire
Qui s’efface progressivement,
Interpelle le passant
Dont la mémoire
Est la dernière parcelle d’espoir.
© J. R. Essomba (EJR) - Mai 2023
À mercredi prochain…
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