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Sixième soupir









La petite fille monte et descend,

Elle agite les jambes

Pour redonner la vitesse

À une balançoire en fin de course.

Sa chevelure blonde et soyeuse,

Soulevée par le vent,

Renvoie des reflets dorés.

Son petit rire cristallin,

Comme la rosée qui perle au matin,

Habillerait de fraîcheur et de joie

Même le plus amer des cœurs.


Mais ceci n’est qu’une image,

Une archive des temps joyeux,

Une bobine qui tourne en boucle

Avec le souffle court,

D’une bande magnétique épuisée

D’avoir été trop déroulée.

Une mère effondrée qui regarde

Mais ne voit pas, ne voit plus,

Malgré la lueur d’espoir qui brille

Par éclats intermittents

Sous les couches épaisses

De faux espoirs.

Déjà plusieurs mois,

Une éternité,

Sa petite fille a disparu

Sans laisser de traces.

Elle jouait dans la rue.


Pendant des jours, pendant des nuits,

Sous le soleil, sous la pluie,

Dans les forêts, sous les eaux,

Gendarmes et chiens,

Amis et voisins,

Sans relâche,

Ont cherché et flairé.

Ils n’osaient l’avouer,

Mais prévoyaient le pire,

L’inéluctable preuve

De l’innocence profanée

Par un être damné.


Aujourd’hui,

C’est d’une affiche

Délavée par les intempéries,

Que le chaleureux sourire

Qui s’efface progressivement,

Interpelle le passant

Dont la mémoire

Est la dernière parcelle d’espoir.


© J. R. Essomba (EJR) - Mai 2023


À mercredi prochain…

 
 
 

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